1968-03-12.LEMONDE.SERVAN

Publicado: 1968-03-12 · Medio: LEMONDE

Ver texto extraído
LES ÉTUDIANTS DE MADRID "CHAHUTENT" UNE CONFÉRENCE DE M. J.-J. SERVAN-SCHREIBER
LE MONDE. 12 MARS 1968 
https://www.lemonde.fr/archives/article/1968/03/12/les-etudiants-de-madrid-chahutent-une-conference-de-m-j-j-servan-schreiber_2505855_1819218.html?xtmc=antonio_garc_a_trevijano&xtcr=1
Madrid, 11 mars. - M. Jean-Jacques Servan-Schreiber, directeur de l'Express, a eu samedi à Madrid une " rencontre " mouvementée avec quatre mille étudiants qui s'écrasaient dans le grand amphithéâtre de la faculté de droit. L'auteur du Défi américain s'est prononcé en faveur de "l'intégration de l'Espagne dans l'Europe néo-capitaliste", thèse à laquelle les universitaires ont répliqué aux cris d'"Europe socialiste!" - et de "Non à l'Europe des banquiers!"
M. J.-J. Servan-Schreiber a effectué la semaine dernière un voyage de quatre jours en Espagne et a participé à Madrid et Barcelone à une dizaine de débats. S'appuyant sur une mise en scène à la Kennedy - secrétaires, public relations, avions particuliers, transport en cortège d'une dizaine de journalistes français invités, - le directeur de l'Express a accaparé la première page des quotidiens espagnols.
Sa thèse peut se résumer en quelques mots: l'Espagne doit choisir entre l'autarcie et la voie européenne; il faut reconquérir l'Espagne à la démocratie. Les Espagnols, qui ont pu se prononcer librement et devant de larges auditoires sur leurs propres problèmes, se sont interrogés à cette occasion sur la forme de démocratie qui conviendrait le mieux à l'Espagne.
Face aux étudiants réunis à la faculté de droit de Barcelone, où il avait été invité par le professeur Manuel Jimenez de Parga, et lors de ses différentes interventions à Madrid, où il était l'invité de M. Antonio Garcia Trevijano Forte, la présence du directeur de l'Express a surtout mis en valeur le degré élevé de politisation de l'Université.
À Madrid à l'occasion d'un colloque d'experts, le professeur Ramon Tamames a assuré qu'en raison des conditions politiques et économiques dans lesquelles se trouve l'Espagne il était impossible pour ce pays de dialoguer avec l'étranger. Quelques heures plus tard, au cours d'un banquet auquel une centaine de personnalités étaient conviées, M. Antonio Garcia Trevijano devait affirmer quant à lui que "l'Espagne a perdu le contrôle de sa destinée et la libre autodétermination de son avenir, et que, se trouvant sans défense, elle accepte d'être le vassal de celui qui peut lui assurer protection", mais constatait qu'en revanche " la jeunesse a pris la relève, créant de toute pièce une nouvelle idée de l'Espagne".
C'est cette jeunesse que le directeur de l'Express devait retrouver samedi à la faculté de droit. Les étudiants ont reçu M. Servan-Schreiber avec réserve, et même avec hostilité.
Cette conférence devait avoir lieu à la faculté des sciences politiques et économiques - connue dans le milieu universitaire comme la faculté "rouge". Or au dernier moment les organisateurs décidèrent une modification en faveur de la faculté de droit qui a la renommée d'être " soumise". Il n'est pas étonnant que M. Servan-Schreiber ait été accueilli avec des slogans tels que "Ni Franco, ni la C.I.A.!"ou "Ni Franco ni Carrillo!"(secrétaire général du parti communiste espagnol). Les étudiants ont refusé avec orgueil la cession des droits d'auteur sur l'édition espagnole du Défi américain - droits offerts avec maladresse par le conférencier au S.D.E.U. (Syndicat démocratique des étudiants universitaires). Le directeur de l'Express a été applaudi quand il a salué la lutte des "commissions ouvrières" et des étudiants contre le régime franquiste, mais devait décevoir ses auditeurs par son ambiguïté et son refus de répondre concrètement à des questions posées avec précision. Un délégué du S.D.E.U. a déclaré: "Il vient nous offrir le néo-capitalisme qui est en fait une forme d'exploitation très subtile et très dangereuse pour un pays qui possède nos structures politico-sociales. Il vient nous offrir les idées de ceux qui cherchent à sauver un régime politique qui n'a aucune possibilité de salut. Face à l'impérialisme américain ou européen, la grande majorité des étudiants espagnols croient à la possibilité de construire une Europe socialiste et démocratique."
La conférence prit fin dans une atmosphère tumultueuse. Sorti sain et sauf de la bagarre, M. Servan-Schreiber a été interrogé par la police pour savoir s'il désirait porter plainte. Le directeur de l'Express a répondu qu'il voulait dénoncer " la police espagnole, cause de la répression exercée contre l'Université et coupable de ces incidents".
ESTUDIANTES EN MADRID "CHAHUTENT" UNA CONFERENCIA DE J.-J. SERVAN-SCHREIBER
LE MONDE. 12 MARZO 1968
Madrid, 11 de marzo. - Jean-Jacques Servan-Schreiber, director del Express, tuvo el sábado en Madrid una "reunión" con cuatro mil estudiantes que se estrellaron en el gran anfiteatro de la Facultad de Derecho. El autor de American Challenge habló a favor de "la integración de España en la Europa neocapitalista", una tesis a la que los académicos respondieron a los gritos de "¡Europa socialista!" - y "¡No a los banqueros de Europa!"
El Sr. J.-J. Servan-Schreiber hizo un viaje de cuatro días a España la semana pasada y participó en diez debates en Madrid y Barcelona. Confiando en una puesta en escena en Kennedy: secretarias, relaciones públicas, aviones privados, procesión de una docena de periodistas franceses invitados, el director del Express ha monopolizado la portada de los diarios españoles.
Su tesis se puede resumir en pocas palabras: España debe elegir entre la autarquía y el modo europeo; España debe ser reclamada de la democracia. Los españoles, que pudieron expresarse libremente y ante grandes audiencias sobre sus propios problemas, se cuestionaron en esta ocasión sobre la forma de democracia que sería más adecuada para España.
Frente a los estudiantes reunidos en la Facultad de Derecho de Barcelona, ​​donde había sido invitado por el profesor Manuel Jiménez de Parga, y durante sus diversas intervenciones en Madrid, donde fue invitado por el Sr. Antonio García Trevijano Forte, la presencia El director del Expreso destacó sobre todo el alto grado de politización de la universidad.
En Madrid, en una conferencia de expertos, el profesor Ramon Tamames aseguró que, debido a las condiciones políticas y económicas en que se encuentra España, era imposible que ese país interactuara con países extranjeros. Unas horas más tarde, durante un banquete al que fueron invitadas cien personalidades, el Sr. Antonio García Trevijano tuvo que decir que "España ha perdido el control de su destino y la libre autodeterminación de su futuro, y que, al encontrarse indefensa, acepta ser la vasalla de quien puede protegerla ", pero observó que" la juventud se hizo cargo, creando una nueva idea de España desde cero ".
Este es el joven que el director del Express debía encontrar el sábado en la escuela de derecho. Los estudiantes recibieron al Sr. Servan-Schreiber con reserva, e incluso con hostilidad.
Esta conferencia se llevaría a cabo en la Facultad de Ciencias Políticas y Económicas, conocida en la academia como la facultad "roja". Pero en el último momento, los organizadores decidieron una modificación a favor de la facultad de derecho que tiene la fama de ser "sujeto". No es sorprendente que Servan-Schreiber fuera recibido con consignas como "Ni Franco, la C.I.A!" O "Ni Franco ni Carrillo!" (Secretario General del Partido Comunista Español). Los estudiantes rechazaron con orgullo la asignación de derechos de autor a la edición en español del Desafío Americano, derechos ofrecidos con torpeza por parte del profesor en el S.D.E.U. Unión Democrática de Estudiantes Universitarios. El director del Express fue aplaudido cuando elogió la lucha de los "comités de trabajadores" y los estudiantes contra el régimen franquista, pero tuvo que decepcionar a sus oyentes por su ambigüedad y su negativa a responder a las preguntas concretas formuladas con precisión. Un delegado de S.D.E.U. dijo: "Él viene a ofrecernos el neocapitalismo, que de hecho es una forma muy sutil y muy peligrosa de explotación para un país que posee nuestras estructuras político-sociales. Viene a ofrecernos las ideas de aquellos que buscan salvar un régimen político que no tiene posibilidad de salvación. Ante el imperialismo estadounidense o europeo, la gran mayoría de los estudiantes españoles creen en la posibilidad de construir una Europa socialista y democrática".
La conferencia terminó en un ambiente tumultuoso. Liberado sano y salvo de la pelea, el Sr. Servan-Schreiber fue interrogado por la policía para averiguar si quería presentar una queja. El director del Express respondió que quería denunciar "a la policía española, por la represión ejercida contra la universidad y culpable de estos incidentes".